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CORRESPONDANCE DE PASCAL ET DE M. DE RIBEYRE

perant que vous les verrez bien tost, Dieu aydant, dans un traicté que j’achève, et que j’ay desja communiqué à plusieurs de nos Amis, où l’on cognoistra quelle est la véritable cause de tous les effects qu’on a attribuez à l’horreur du vuide, et où, par occasion, on verra distinctement qui sont les véritables Auteurs de toutes les nouvelles veritez qui ont esté descouvertes en cette matière. Et dans ce detal, on trouvera exactement et séparément ce qui est de l’invention de Galilée, ce qui est de celle du grand Toricelli, et ce qui est de la mienne. Et enfin il paroistra par quels degrez on est arrivé aux cognoissances que nous avons maintenant sur ce subjet, et que cette dernière Experience du Puy de domme fait le dernier de ses degrez.

Et comme je suis certain que Galilée et Toricelli eussent esté ravis d’apprendre de leur temps qu’on eut passé outre la cognoissance qu’ils ont euë, je vous proteste, Monsieur, que je n’auray jamais plus de joye que de voir que quelqu’un passe outre celle que j’ay donnée.

Aussi-tost que ce traité sera en estat, je ne manqueray pas de vous en faire offrir, pour recognoistre en quelque sorte l’obligation que je vous ay, d’avoir souffert l’importunité que je vous donne, et pour vous servir de tesmoignage de l’extrême désir que j’ay d’estre, toute ma vie.

Monsieur,

Vostre trés-humble et trés-obeissant serviteur.

Pascal.