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CORRESPONDANCE DE PASCAL ET DE M. DE RIBEYRE

Ainsi, Monsieur, vous remarquerez, s’il vous plaist, combien il est peu véritable, ny que j'aye voulu m’approprier l’Experience de Toricelli, ny que je l’aye faite après le Pere Valerien (qui sont les deux poincts que ce Père Iesuite m’impose), puis que c’est de mes Experiences et de mon escript où elles sont énoncées, que Monsieur de Roberval a tiré sa principale conviction contre le Père Valerien, quand il a voulu s’attribuer la gloire de cette invention.

Si ce Père Iesuite de Montferrand cognoist Monsieur de Roberval, il n'est pas nécessaire que j’accompagne son nom des éloges qui lui sont deubs, et s’il ne le cognoist pas, il se doit abstenir de parler de ces matières, puis que c’est une preuve indubitable qu’il n’a aucune entrée aux hautes cognoissances, ny de la physique, ny de la géométrie.

Apres tous ces tesmoignages, j’espère, Monsieur, que vous agreerez la tres-humble prière que je vous faits, que par vostre moyen et par l’autorité que ce bon Père Iesuite vous a luy mesme donné sur luy, en ce subjet, quand il vous a dedié ses Theses, je puisse apprendre d’où luy viennent ces impressions qu’il a prises de moy.

Car il est indubitable, ou que c’est l’effect du rapport de quelques personnes qu’il a creuës dignes de foy, ou que c’est l’ouvrage de son propre esprit.

Si c’est le premier, je vous supplieray, Monsieur, d’avoir la bonté pour ce bon Père de luy remonstrer l’importance de la légèreté de sa créance.

Et si c’est le second, je prie Dieu dés à présent de