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ment dans les termes de son programme : « J'ai prouvé que le haut du tube, que l'on croyait vide, était occupé par l'air raréfié ; j'ai fait ainsi justice de la prétendue découverte expé- rimentale que les « protecteurs du vuide » opposaient à la doctrine du plein ; j'ai ainsi ramené la question aux termes où elle se posait avant l'expérience de Torricelli ; je l'ai ren- voyée du laboratoire à l'École, qui la discutera peut-être éternellement. »

Mais on insiste : qu'arrivera-t-il si l'on trouvait moyen de chasser complètement l'air du tube ? serait-on en présence du vide pur ? le mercure descendrait-il encore ? le tube casse- rait-il ? Roberval essaie de réprimer cette excessive curiosité ; mais, ajoute-t-il, s'il fallait me prononcer là où il n'y a ni principes évidents ni conclusions certaines, l'hypothèse du vide me paraît probable, sans qu'il y ait à s'arrêter aux craintes imaginaires et chimériques des adversaires du vide.

C'est à ce moment de la controverse que Descartes appa- raît pour défendre sa fameuse définition du corps : le corps est l'espace étendu en longueur, largeur et profondeur. Le résumé du dialogue, où Roberval s'attribue le mérite d'une réplique foudroyante, concorde avec le récit de Baillet sur le voyage de Descartes à Paris, en i648.

Depuis la lettre du i3 décembre 1647, que nous avons pu- bliéeplushaut,p.i65,jusqu'àsonarrivéeà Paris dans la seconde quinzaine de mai, trois lettres de Descartes à Mersenne figurent dans son œuvre. Toutes les trois traitent de la question du vide : « Je suis bien ayse, écrit-il le 3i janvier, de ce que les protec- teurs du vuide font sçavoir leur opinion en plusieurs lieux, et qu'ils s'échauffent sur cette matière ; car cela pourra tourner à leur confusion, si la vérité se découvre... Je ne sçay pas comme vos chercheurs du vuide veulent faire leur expé- rience en une chambre, où tout soit si bien fermé, que l'air de dehors n'y ait aucune communication. C'est de quoy

nem. NuUam tamen nisi valde indefinitam ex ejus explicationibus potui colligere. » Responsio, p. i4.

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