SECONDE NARRATION DE ROBERVAL SUR LE VIDE 299
Mais si personne ne pouvait contester cette raréfaction, les partisans, soit de la matière subtile ou de l'éther, soit du vide disséminé, cherchèrent naturellement à concilier cette raréfaction avec leur hypothèse, ou plutôt encore à expliquer cette raréfaction par leur hypothèse. Nous avons vu que pour Descartes, suivant l'expression de Mersenne, la raréfaction n'é- tait pas intelligible. Le P. Noël écrit de même dans la Gravitas comparata, p- 75 : « Respondeo primum Rarefactionem absque adventu alicujus corporis non esse intelligibilcm. Per illam enim partes invicem recedunt ; ergo inter illas est distantia, quae ante non erat. Distantia autem ergo est corpus inter extrema.quae per illam distant. » Mais pour les vacuistes à la façon de Gassendi, qui sont désignés dans la Narration sous le nom d'Epicuriens ou de Démocritéens, la raréfaction s'ex- plique parce que les intervalles augmentent entre les atomes d'air, et ces intervalles demeurent vides.
A cette double thèse s'oppose la majorité des auditeurs de Ro- berval,les Péripatéticiens; pour eux, l'air, raréfié ou condensé, a une parfaite continuité; il n'y a pas lieu d'admettre l'interven- tion d'un corps étranger, encore moins les atomes et le vide.
Roberval est sollicité d'intervenir dans le débat. Mais il ne répond qu'en renvoyant les métaphysiciens dos à dos, au nom du positivisme scientifique dont nos lecteurs ont déjà trouvé plus haut l'exposés et que Roberval définit à nouveau en termes rigoureux. Lorsque le sujet ne comporte encore ni démonstration ni intelligence distincte, il faut résister au Scio téméraire et faux du dogmatisme ; il faut savoir pronon- cer le mot modeste et vrai : Nescio. En fait, à la vive décep- tion de Pierius, qui regrette de ne pouvoir tirer de ses explica- tions une thèse plus déterminée -, Roberval s'enferme stricte-
��1. Vide supra, p. Aq-Si.
2 . « His diebus Dominus de Roberval Mathematicarum disciplinarum professer meritissimus hanc experientiam publics videndam exhi- buit, aliasque multas huic affines, quibus videbatur sibi praeparare aditum ad luculentam et omnibus numeris absolutissimam responsio-
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