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SECONDE NARRATION DE ROBERVAL SUR LE VIDE 29^

démonstration, Roberval accumule les observations les plus précises, les plus variées et souvent les plus ingénieuses. Dès le moment où il remplit le tube, il remarque les « gouttes » d'air qui adhèrent aux parois du tube, visibles les unes à l'œil nu, les autres à la loupe. Puis il manie le tube dans tous les sens, en notant toutes les phases de la formation et de la dissolution des bulles d'air. Il se sert enfm d'une vessie de porc pour boucher l'orifice inférieur du tube de façon à pouvoir ensuite y ménager une ouverture étroite que l'on peut à volonté ouvrir et fermer avec le doigt : on a ainsi toute facilité pour retarder la chute du mercure et pour ob- server l'ascension et la dilatation des bulles d'air.

5° Nous arrivons enfin à l'expérience que Roberval ima- gina pour convaincre de la raréfaction de l'air les plus igno- rants de ses auditeurs et qui obtint en effet un succès de stu- péfaction. Dès le 17 mars 1648, Mersenne écrit à Constantyn Huygens, après avoir parlé des travaux mathématiques de Pascal : « Pour son livre du vuide, on commence icy à croire que ce n'est pas vuide, à cause qu'une vessie applatieet toute vuide d'air estant mise dans ce vuide s'y enfle incontinent *. Et je ne sçay comment les positions de M. Descartes soudront ce nœud de vessie, lequel je lui ay mandé affin qu'il y pense ^. » Sans se lasser, et en appliquant à la variation des effets l'ingéniosité de son esprit, Roberval répète l'expérience. Le 5 mai, Pecquet écrit à Mersenne : « Monsieur de Rober- val fait icy des Merveilles, et réussit fort bien hier à l'opéra- tion de sa vessie de carpe ; il a grand nombre d'audi- teurs^. »

Le bruit de la découverte de Roberval parvint rapidement en Pologne. Nous détachons d'une lettre de Des Noyers à Mersenne ces lignes curieuses :

��1. Cf. Gravitas comparata, p. 57: « Qaare vesicala carpionis cun aëre modico, si cum œthere claudatur in tubo, dilatatur ? »

2. Œuvres de Christiaan Huygens, t. I, p. 84.

3. Bibl. nat., nouv. acq. fr. 620^, f° 3ao.

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