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SECONDE NARRATION DE ROBERVAL SUR LE VIDE 289

En répétant plusieurs fois l'expérience, continue Roberval, j'ai observé que la dépression du mercure était d'autant moindre que le tube était plus long * , sans pourtant que même dans les tubes les plus longs le mercure reprît sa hau- teur normale de 2 pieds J-, une fois qu'on avait laissé rentrer 34 ^

quelque quantité d'air que ce soit.

Or il n'y a pas d'explication plus élégante de cette dépres- sion du mercure sous l'influence de l'air, que d'admettre la raréfaction spontanée de l'air, et cela (est-il dit dans une phrase qui ensuite a été fort soigneusement barrée), contrai- rement à la doctrine de la première Narration 2. L'air pos- sède une tendance à la dilatation, mais qui suit une loi de décroissance comparable aux lois qui régissent les corps élastiques, les arcs, par exemple : à mesure que l'air est moins pressé, la force de sa tendance à la raréfaction di- minue.

Mais ici on peut être arrêté par un scrupule : si la raréfac- tion de l'air est une force spontanée, inhérente à la nature de l'air, elle ne comporte pas de degrés. La réponse est facile pour Roberval : la pesanteur que la philosophie vulgaire con- sidère comme une propriété simple, est en réalité la force par laquelle toutes les parties de la nature élémentaire tendent à constituer un système unique^. Or cette force comporte, dans

��1. Cf. Gravitas comparata, p. 56 : « Ouare cum aëris pari mole, quô longior est tubus, eô minor est infra viginti septem poUices, hydrargyri descensus? »

2. Cf. Gravitas comparata, p. 74 : « Videtur autem rarefieri, quia ex hydrargyro nonnuUaî emergunt bullulae, quœ hydrargyreo, tenui, ac pingui, clausae involucro, per unionem, et adventum œtheris ab hydrargyro descendentc per tubum in tubum tracti, fiunt majores; ac propter, vel nimiam dilatationem, vel eniptionem solutô involucro, tandem evanescunt. »

3. Voir plus haut la lettre à Fermât, du 16 août iGSô (t. I, p. 177). Depuis avait paru V Aristarchi Samii de Mundi Systemate, partibus et motibus ejusdem liber singularis, Additx sunt^. P. de Roberval notas

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