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LETTRE DÉTIENNE PASCAL AU P. NOËL 281

Conti est récrite tout entière, elle ne fait plus que célébrer les grandes vertus d'Armand de Bourbon, et le succès du Plein du Vide : Sic enim est, Armande, quidquid probas, consecras, et uniascujasque meritum fama ex tua commenda- tione metitur. Suit une préface au lecteur où le P. Noël s'ex- cuse, sur sa grave maladie et sur l'incurie de son libraire, des fautes du livret français ; il explique qu'il a récrit son livre en latin, parce qu'il ne fait que « balbutier » en français, et aussi parce qu'il n'avait pas encore vu les expériences de ses adversaires : Qaoniam autem expérimenta, quitus pugnant âdversarii nondum videram, cum primum hune lihellum compo-

��conceptions. C'est un talent que Dieu luy a donné très particulière- ment de ne s'expliquer qu'avec beaucoup d'obscurité, et je ne sçay à quoy resvoit dame nature quand elle a choisi un si sot advocat. Il peut bien prendre les causes qu'elle lui donne; car de la façon qu'il a procédé en celle ci c'est un grand hazard s'il en trouve d'autres qui luy en veuUent bailler. Il peut faire imprimer ces éloges à la pre- mière feuille de son livre en forme d'aprobation. Il ne tiendra point àmoy que les louanges que je lui donne soient généralement inco- gneues de tout le monde ; mais je me laisse aller insensiblement à mes imaginations... « — Qu'aurait dit Halle de Monflaines s'il avait su que le P. Noël allait remanier cette traduction elle-même ? Le Dictionnaire de Backer signale une divergence dans les différentes éditions du livre ; en effet, la Bibliothèque Nationale en possède deux exemplaires identiques jusqu'à la feuille G. Mais tandis que l'exem- plaire de la Bibliothèque des Jacobins de la rue S* Honoré (R. i3 5oq) n'a que iol\ pages, l'exemplaire qui porte le cachet de la Bibliothèque royale (R. i3 607) en a 117. L'addition est signalée par Pecquet dans sa lettre au P. Mersenne, du 5 mai 16^8: « Le P. Noël a adjousté encor une feuille à son Livre Latin où il traite des elemens et de leurs mouvemens ad Locum et adjiguram. Ce sont ses termes que je vous expliqueray un de ces jours parce que la pensée en est fort cachée. » La pensée du P. Noël consiste à distinguer deux incli- nations qui appartiennent à chacune des particules constitutives des éléments : l'une relative à leur tout propre et qui leur ferait pren- dre naturellement la forme d'une sphère, l'autre relative à la place respective que ces éléments occupent dans le monde (le feu en haut la terre en bas), et qui corrige les effets de la première, afin d'é- viter le vide dans l'univers (p. io3-io4).

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