Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

coppie, très fidelle, et des mesmes dictions que vous avez employez dans la seconde lettre qu’il a receue de vous, pour expliquer vostre pensée sur la question du vuide, il ne le fait pas pour vous en faire plainte ; et quand je réitère icy cette remarque, ce n’est simplement que par forme d’histoire, et non par forme de plainte. Au contraire, je paroistrois ingrat au dernier point, si je ne vous rendois très humblement grâces d’avoir voulu rendre cet honneur à mon fils, de luy présenter une pièce que vous avez sans doutte incroyablement estimée, puis que vous avez jugé que vous pouviez, sans incivilité, en présenter une partie, quatre ou cinq mois après, à un prince très illustre, et par sa naissance, et par son mérite personnel; et certainement s’il y avoit lieu de plainte, ce seroit à S. A., de laquelle vous estes obligé de recognoistre la grâce qu’elle vous a faict, d’avoir daigné recepvoir de vous une pièce qui n’estoit plus entièrement vostre, et que vous luy avez rendue ^ mesprisable par la basse prostitution que vous en avez desjà faict; car enfin mon père la prostitution, quoy que secrette, ne laisse pas d’estre prostitution.

Le véritable subject de la plainte que mon fils faict de votre proceddé ne consiste donc pas en cette fidelle copie ; mais il consiste, mon père, en ce que, par le titre de vostre livre, et par lettre desdicatoire à S. A., vous avez usé d’une façon d’escrire tellement injurieuse qu’il n’y a que vos seuls ennemis capables de l’approuver, pour vous accoustumer peu à peu à l’usage d’un style impropre à toutes choses, sinon à vous causer des desplaisirs sans nombre. Et certainement, mon père, quoy

I . Bossut imprime : « peu considérable par l’usage que vous en aviez déjà fait. »