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LETTRE DE PASCAL A MONSIEUR PERIER 161

d’une ville dans laquelle se trouve une personne capable d’apporter à cette espreuve toute l’exacti- tude nécessaire. Car si la montagne estoit esloi- gnée, il seroit difïi cille d’y porter les vaisseauxS le vif-argent, les tuyaux et beaucoup d’autres choses nécessaires, et d’entreprendre ces voyages pénibles autant de fois qu’il le faudroit, pour rencontrer au haut de ces montagnes, le temps serain etcommode, qui ne s’y void que peu souvent. Et comme.il est aussi rare de trouver des personnes hors de Paris qui ayent ces qualitez, que des lieux qui ayent ces con- ditions, j’ay beaucoup estimé mon bon-heur d’avoir, en cette occasion, rencontré l’un et l’autre, puis que nostre ville de Glermont est au pied de la haute montagne du Puy de domme, et que j’espère de vostre bonté que vous m’accorderez la grâce d’y vou- loir faire vous mesme cette expérience^ ; et sur cette asseurance, je l’ay faite espérer à tous nos curieux de Paris, et entr’autres au R. P. Mersenne, qui s’est desja engagé, par lettres qu’il en a escrites en Italie,

��I. « Outre cela — écrivait le Tenneur à Mersenne le i6 janvier i648 (vide supra, p. iSa) — croyés vous qu.’il soit fort facile de porter un tuyau de verre et 20 livres de mercure en haut d’une montagne pareille à celle la ? Certainement, je crains fort de ne pas venir a bout de cette expérience lors que je seray dans le pays » (apud (JEuvres de Descartes, éd. Adam et Tannery, t. V, p. io3).

■2. Rien n’indique dans ces textes que Pascal ignorât la commission de Perier en Bourbonnais. Perier, nous l’avons vu, ne prévoyait pas, le 3 octobre, qu’elle l’empèchat absolument de s’occuper à Paris des affaires de la ville (vide supra, p. i55, n. 2). A plus forte raison, pouvait-il espérer de saisir l’occasion d’un passage à Clermont, où étaient ses deux filles (supra, t. I, p. 82), pour faire l’ascension du Puy-de-Dôme.