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SECONDE LETTRE DU P. NOËL A PASCAL 117

canaux des fontaines, et dans certaines pierres qui s'en- crouent au courant de Teau par les atosmes terrestres qui se séparent d'elle estant pressés.

Les mouvements sensibles de Feau dans le Thermomet- tre* me semblent ne pouvoir s'expliquer intelligiblement que par l'entrée ou le mouvement des esprits ignées de l'air chaud ou de la main eschauffée. Voicy ma pensée, que je propose tout simplement : les esprits de feu qui transpirent sans cesse de la main chaude qui touche la bouteille du thermomettre, meuvent l'air qui est dans les pores du verre par leur toucher; et cet air meu meut son voisin, et celuy-ci son voisin, qui est dans l'eau beaucoup moins mobille comme sy vous aviez dans une coupe d'argent plusieurs parties, dont les unes fussent carrées et les autres rondes, meslées par ensemble, et que vous remuassiez tout ce meslange en remuant la coupe: les parties rondes, comme plus mobilles, se sepa- reroient des carrées, qui auroient moins de mouve- ment.

L'air donc, par son mouvement, se sépare de l'eau, et l'eau, par cette séparation de l'air, tient moins de place; et nous semble, à cause qu'elle se ramasse vers le bas, qu'elle descend, et à cause qu'elle quitte une partie de son rare, qui est l'air, qu'elle se condense.

Or, plus grande est la chaleur de la main, le mou-

I. Pour l'histoire de l'invention du Thermomètre, voir Caverni, Notizie storiche intorno all'invenzione del termometro (Balletino di bi- bliografia e storia délie scienze mathemaiiche, t. XI, p. 53 1 ssq.). — Le nom de Thermomètre, au lieu de Thermoscope, se trouve dans la Récréation mathématique que le jésuite Jean Leurechon publia en 162^ au Pont à Mousson. M. G. Hellraann dans l'Introduction à sa réim- pression des lettres de Torricelli à Ricci (N» 7 de la série), a repro- duit le texte du Problème 76 : « Du Thermomètre, ou Instrument pour mesurer les degrez de chaleur ou de froidure qui sont en l'air.»

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