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SECONDE LETTRE DU P. NOËL A PASCAL 113

de cet espace vuide, et ne treuve pas qu'il me serve pour expliquer mes expériences, qu'en disant quatre choses : '9 première, qu'à la descente du vif argent pas un corps n'entre dans le verre — la dcuxiesme, que ce vuide tient la place du vif argent descendu — la troisiesme, qu'il sous- tient la lumière qui passe au travers — la quatriesme, qu'il retarde le mouvement des corps matériels, quoy qu'il n'ayt aucune résistance, estant penetrable et immobile. Je ne doubte point que vous n'ayez preveu les dilTicultez qu'enferment ces quatre propositions. Je m'arreste à la première, qui est la source des autres, et ëur cela je propose mes difficultez, dont j'espère estre satisfaict par vos profondes spéculations, et courtoisies. Doncques pour la première, vous dites que « tous les hommes ensemblene sçauroient desmontrer qu'aucun corps succède à l'espace vuide en apparence, et qu'il n'est pas possible encor à tous les hommes de monstrer que, quand l'eau y remonte, quel- que corps en soitsorty. » La-dessus vous me demandez si cela nesuffiroit pas, suivant mes maximes, pour asseu- rer quecetespace est vuide. Je responds ingenuement que non. Sy, à moins d'une desmonstration mathématique, c'est-à-dire évidente et convainquante, qu'une matière entre dans le verre à la descente du vif argent, je dis qu'il n'y a qu'un espace vuide, je pourray, par mesme raison, nier que, depuis nostre^.. jusquesau firmament, il y ayt au- cune matière, et conclure en cette sorte : tous les hommes ensemble ne sçauroient desmontrer mathématiquement que ces grands espaces soient remphs d'aucuns corps, et partant je dis que ces grands espaces ne sont qu'un vuide immobille et penetrable, suffisant à soustenir et transmettre

I . Un blanc dans le manuscrit ; le mot à compléter doit être Urre, que Bossut a imprimé dans son édition.

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