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BIOGRAPHIES

qu’il doit estre, ou pour empescher par là qu’il ne se fasse rien contre mon gré et contre mon intention. Je m’assure, monsieur, que je n’en auray pas besoin contre vous et que vous voudrez bien me laisser la maistresse d’un bien qui m’appartient par tant de titres. On m’a mandé aussy que vous aviez dessein d’y joindre une preface où vous vouliez parler d’une chose qui est fondée sur un bruit qui est extremement contraire à la verité, et sur quoy je vois bien que vous n’estes pas informé.

« Mon frere ne s’est jamais retracté et n’a jamais eu besoin de le faire, n’ayant eu toute sa vie que des sentiments tres-purs et tres-catholiques ; et la declaration sur laquelle on a fondé cette calomnie ne dit pas un mot de retractation. J’en ay une copie authentique qui m’a esté envoyée par feu M. l’archevesque de Paris, et celui qui a donné cette declaration a eu bien du deplaisir de l’abus qu’on en a fait. Il a reconnu luy-mesme qu’il s’estoit trompé, ayant pris les paroles de mon frere dans un sens contraire à celui qu’elles avoient. Ce sont les propres termes qu’il employe dans les lettres qu’il m’a fait l’honneur de m’escrire sur ce sujet, et qu’il m’a permis de faire voir à tout le monde, et mesme de les rendre publiques s’il estoit necessaire. Mais comme il est encore vivant et qu’il est à Paris, vous pouvez vous en assurer par vous mesme. Son tesmoignage propre sera de plus grand poids que le mien : c’est un homme d’une assez grande consideration dans le monde et dans son ordre pour estre cru. C’est à luy que je vous renvoye. Je vous supplie encore une fois, Monsieur, de vouloir vous en tenir là. J’espere que vous ne me refuserez pas cette grace, et que vous m’obligerez par là d’estre de plus en plus, comme j’ay tousjours esté, à vous et à toute votre famille, Monsieur, vostre etc.

G. Pascal.

« S’il arrivoit, Monsieur, que ma lettre vint trop tard et qu’il y eut quelque chose de commencé d’imprimer, je vous supplie de me faire grace d’arrester toutes choses » (Copié sur l’original).