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cour des aydes de Clermont depuis mesme plusieurs années, l’ayant esté tres jeune. Il estoit proche parent de mon grand pere, fils de sa cousine germaine, et mon grand pere l’aimoit extremement, parce qu’il luy avoit trouvé des sa jeunesse un tres grand esprit, et beaucoup d’amour et de disposition pour toutes les sciences. Ayant donc cette occasion de le faire venir aupres de luy, il luy donna cette commission qui n’estoit que pour quelques années. Et lorsqu’il vint chez luy, il trouva en luy toutes les qualitez qu’il pouvoit souhaitter pour en faire son gendre, ainsi il le maria avec ma mere[1]. Il obtint dispense ; car ils estoient cousins issus de germains, et il ne fit pas beaucoup attention à la parenté, dont il a eu depuis du scrupule, aussy bien que mon pere et ma mere, n’y ayant point de necessité ni de cause pour la demander.

Mais Dieu fit naistre une autre occasion par sa Providence, qui donna lieu à mon grand pere et à toute sa famille de connoistre Dieu et la veritable pieté. Il y avoit en Normandie un curé dans un village nommé Rouville, qui estoit un tres grand serviteur de Dieu, qui gouvernoit sa paroisse avec une pieté tres solide, qui y preschoit

  1. M. Ch. de Beaurepaire a publié les différents actes relatifs à ce mariage. Voici la pièce essentielle : « Le 13me de juin 1641 furent mariez Florin Perier et Gilberte Pascal en l’église Sainte-Croix-Saint-Ouen, et pour tesmoins qui ont signé furent messire Claude de Paris, conseiller du roy en ses conseils, intendant de justice, de police et finances en la province et armées, et Charles Marc, Sr de Villequier. » Le contrat est du 15 avril. Gilberte Pascal apportait en dot 21 000 livres, dont 13 500 en rentes sur l’hôtel de ville, et 7 500 représentant sa part dans l’héritage de sa mère et de sa grand mère maternelle. Voir dans le Précis analytique de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, Année 1901-1902, le mémoire déjà cité (p. 284, 304 et 310).