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raison naturelle, et des choses que nous ne pouvons concevoir sans révélation, d’où vient que saint Raoul l’appelle argumentum non apparentium ; que tous les Pères disoient la mesme chose. — Il dit que cela s’entendoit des choses qui tombent dans l’imagination.

On disputa avec chaleur sur cela, et comme on estoit sur ce propos, arriva le sieur Pascal — fils de Monsieur Pascal, conseiller du Roy en ses conseils d’Estat et privé, commissaire député par Sa Majesté en la haute Normandie pour l’impost et levée des tailles, et sur le fait de la subsistance et estappes des troupes, et autres affaires concernans le service de Sa Majesté, en la dite province — qui venoit^ voir le sieur du Mesnil. Apres les civillités, on

Il respond :

Que la foy n’est pas aux foibles un supplément, mais un moyen et un fondement absolument nécessaire aux foibles et aux forts pour cognoistre les mystères de la religion qu’ils ne peuvent atteindre par l’effort de leur raisonnement.

SUR LA TROISIÈME

Qu’il démontre par raison naturelle la Trinité, et que de cette connoissance dépendent sa théologie et sa physique.

Il répond :

Qu’il ne se peut, et que le raisonnement qu’il y employé n’est que pour faire voir que ce mystère (comme toutes les choses révélées qui surpassent toute la raison) n’est pas contre la raison. Et quant à cette clause, que de cette connoissance dépendent sa théologie et sa physique, il dit que de l’explication de ce mystère, que l’on ne peut non phis donner à entendre que de la comprendre, quoique incompréhensible sans une connoissance surnaturelle, et on peut faire un antécédent et un principe à la connoissance de la physique, selon le concile de Latran, qui veut que l’on fonde la philosophie sur la théologie et sur la foy. »

1. Ad. Heb. XI, i : c Est aiitem fides sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium. »

2. Voir en surcharge.