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« A Gaillon, le 22 mars 1647.

« Ce n’est qu’un commencement ; mes ordres ne sont pas pour faire aller les affaires de la foy si viste. Cette déclaration n’est pas complette ni exacte. Tres faciunt capitulum, mais non pas consilium ; encore le dernier n’est appelé que pour me l’envoyer. Apres cette préparation doit suivre canoniquement l’ordre que le sieur Morange vous présentera que j’ay mis entre les mains des opposans pour estre entendus à leur tour. Vous y verrez bien d’autres choses. Cependant l’impiété grossit et esclatte à Vernon sur les mesmes sujets de Jésus-Christ et la Vierge, et se répand sur nous au voisinage. Vous en entendrez bientost parler. C’est pour quoy autant pour les uns que pour les autres, tenons encore la playe ouverte, et n’enfermons pas comme les mauvais chirurgiens, l’apostume dans l’ouverture, sous ombre d’avoir bien tost fait. La théologie parlementaire n’est pas l’apostolique, et jamais l’Apostre ne ferma la bouche à ceux qui crient au loup. Il y a bien de la différence entre les affaires des particuliers à particuliers et les affaires publiques, et entre altercation et délation ou déclaration, qui doit estre réciproque en matière d’accusation. La première édification est de la foy, en vain bastirions nous si nous ne tenons ferme au fondement. Les prestres, aujourd’hui, pallient tout, et parce que les laïques approfondissent, contre tout ordre, ils sont les maistres. Quant aux curez, qu’ils nous aydent à purger ce scandale, que de leur grâce ils n’appellent, à la huguenote, qu’altercation. »

De leur côté, les accusateurs de Jacques Forton étaient l’objet d’insinuations hostiles : on avait dit à Rouen qu’ils n’oseraient pas soutenir le sérieux de leur plainte devant l’archevêque, maintenant on appuyait ces bruits sur le départ de M. le Cornier pour Paris. En même temps que Pascal et ses amis allaient à Gaillon, Auzoult avait écrit à M. le Cornier pour invoquer son témoignage, et il en recevait une