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234 ŒUVRES

Son ardeur qui tousjours augmente Devient enfin si véhémente Qu'elle ne la peut plus cacher : Chacun de nous la veoit paroistre, Et le seul qu'elle veut toucher Seul ne sçait pas la recognoistre.

Peut estre s'il sçavoit un jour

L'ardeur de cette belle flamme,

La pitié feroit en son ame

Ce que n'a jamais peu l'amour.

Mais tant de soupirs qu'elle pousse

Par une voix plaintive et douce,

Ne descouvrant point ses désirs.

Son Thyrsis n'y peut rien comprendre^

Et ne pousse point de soupirs

Puisqu'il ne les sçait pas entendre.

Jeune et capricieux enfant,

Que tu te vas donner de blâme !

Pour avoir pu vaincre une femme.

Crois tu te voir plus triomphant?

Non, non ; mais par cette injustice

Tu montres bien que ta malice

Est jointe avec peu de pouvoir.

Si la force suivoit tes armes,

Thyrsis pourroit s'en esmouvoir,

Ou du moins cognoistre leurs charmes.

Et toy dont j'ay dépeint l'ardeur, Aymable et divine Amarante, Si ton ame n'en est contente, II faut en blâmer ma froideur.

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