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qu’à son profit exclusif. Les bons ministres, contre lesquels on a fait depuis six ans vingt mille vers et trente volumes de prose, étaient blasés sur l’article ; il leur importait fort peu que la censure existât ou non. Mais les jésuites n’ont pas la même tolérance politique ; ils aiment la vie molle et tranquille ; la publicité les gêne, l’opposition les irrite, les épigrammes troublent leur sommeil. Dormez donc, hommes sacrés, sur l’édredon de vos oratoires ; errez, pendant le solstice, sous les saints ombrages de Conflans, ou dans le parc voluptueux de Mont-Rouge ; Chevet vous destine les prémices de ses fruits, la Bourgogne remplit vos celliers, la manne ne tombe que sur vos domaines. Il est aussi des plaisirs plus doux, amis de la discrétion et de l’ombre ; usez-en avec délices : jouissez, goûtez de tout ; c’est pour vous que la France a été faite, exploitez ce royaume impie et si riche, sans crainte et sans remords ; la censure est là, pour vous assurer une terrestre béatitude qu’aucune voix profane ne peut troubler désormais.


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