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— C’est cela même, répondis-je.

— Sache donc, poursuivit-il, qu’il est réputé sans conteste comme le plus sage des jeunes gens d’aujourd’hui et que pour tout le reste, compte tenu de son âge, il ne le cède à personne.

— En effet, repris-je, il faut bien, Charmide, que tu l’emportes [157e] sur les autres en tous ces points ; car je ne vois personne ici qui puisse facilement montrer deux maisons alliées ensemble à Athènes, qui soient vraisemblablement capables de produire des rejetons plus beaux et meilleurs que les parents dont tu descends. Du côté de ton père, votre maison, celle de Critias, fils de Dropidès, a été, nous le savons, célébrée par Anacréon, par Solon et par beaucoup d’autres poètes, comme une maison supérieure aux autres par la beauté, [158a] la vertu et tous les avantages qui composent ce qu’on appelle le bonheur. Du côté de ta mère, il en est de même ; car Pyrilampe, ton oncle, a passé pour l’homme le plus beau et le plus grand du continent, chaque fois qu’il est allé en ambassade chez le grand Roi ou chez quelque autre en Asie, et sa maison, dans son ensemble, ne le cède en rien à l’autre. Etant né de tels parents, il est naturel que tu sois le premier en tout. Pour ce qui est de la beauté visible, [158b] cher enfant de Glaucon, je suis sûr que tu n’es inférieur en rien à aucun de ceux qui t’ont précédé, et s’il est vrai, comme le dit Critias, que tu sois bien partagé aussi du côté de la sagesse et du reste, ta mère, mon cher Charmide, a mis au monde un heureux mortel.

Voici donc l’état de la question. Si tu es déjà, comme le dit Critias, en possession de la sagesse et si tu en as une provision suffisante, tu n’as plus besoin des incantations de Zalmoxis ni de celle d’Abaris l’hyperboréen, et je puis te donner tout de suite sans incantation [158c] le remède contre le mal de tête ; mais si tu crois encore avoir besoin de ces incantations, il faut les faire avant de te donner le remède. Dis-moi donc toi-même si tu es de l’avis de Critias et si tu crois avoir maintenant assez de sagesse ou en manquer encore. »