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SÉANŒ DU 28 OCTOBRE 1792

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l’ordre public ; de nommer le renversement de la tyrannie, anarcjhie ; le mouvement de la révolution, troubles, désordres, factions ; la réclamation énergique des droits du peuple, flagorneries séditieuses ; l’opposition aux décrets tyranniques qui réduisent la plus grande partie des citoyens à la condition d’ilotes, déclamations extravagantes ou ambitieuses ; c’étoit, en un mot, de flétrir les choses honnêtes et louables, par des mots odieux, et de déguiser tous les systèmes de l’intrigue et de l’aristocratie, sous des dénominations honorables ; car on connoît l’empire des mots siu : l’esprit des hommes. Or, les hommes de la révolution étoient les hommes de l’ancien régime ; et par-tout où il y a un sot, un homme foible ou pervers, la calomnie et l’intrigue trouvent à coup sûr une dupe ou un agent. Par là, on trouvoit le moyen de ressusciter les préjugés et les habitudes foibles ou vicieuses de l’ancien régime pour les opposer aux sentimens généreux, aux idées saines et pures que suppose le règne de la liberté. Ainsi, on faisoit passer l’opinion publique, par une route oblique tracée entre les excès monstrueux de l’ancien régime et les principes du gouvernement juste qui de voit les remplacer, pour la conduire au but des intrigans ambitieux qui vouloient la maîtriser.

Suivez les progrès de la calomnie, depuis l’origine de la révolution, et vous verrez que c’es !; à elle que sont dûs tous les évènemens malheureux qui en ont troublé ou ensanglanté le cours. Vous verrez que c’est elle seule qui s’oppose encore au règne de la liberté et de la paix publique.

N’est-ce pas la calomnie qui, par la bouche des prêtres, peignant les travaux de l’assemblée constituante, comme autant d’attentats contre la morale et contre la divinité, arma la superstition contre la liberté, qui fit couler le sang des citoyens à Nimes, à Montauban, et dans plusieurs contrées de l’empire français ? (4) N’est-ce pas la calomnie qui arrêta longtems les progrès de l’esprit public, tantôt en flétrissant du nom de régicides les premiers représentans de la nation, qui n’osoient pas même toucher à la royauté, tantôt en présentant les défenseurs des droits de l’humanité comme les perturbateurs de la société et comme les apôtres insensés de la loi agraire }

N’est-ce pas la calomnie qui, déliant toutes les langues aristocratiques, prêchoit dès llors la guerre civile, en excitant la haine et la jalousie des provinces contre les parisiens ? N’est-ce pas elle qui vouloit flétrir le berceau de la liberté par ces déclamations éternelles contre les premiers actes de la justice du peuple exercée sur quelques scélérats qui avoient conspiré sa ruine ? N’est-ce pas elle qui éleva (4) Allusion aux troubles religieux ée Montauban et de Nîmes, de miairs à ootobre 1790. Voir notamment la séance de la Constituante du 28 oct.

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