Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 9.djvu/407

Cette page n’a pas encore été corrigée
405
Séance du 10 avril 1793

i

SÉANCE DU 10 AVRIL 1793 405

« de Louis XVI que pour choisir un dictateur. Ils nous annoncent « eux-mêmes, ils nous disent toujours que le désordre et Tanarchie (( régnent partout, qu’ils sont à leur comble. » Citoyens, vous voyez que c’est depuis cette époque que datent précisément tous ces discours, qui appellent les départemens contre Paris, et qui allument la guerre civile.

Voilà une partie des objections contre notre révolution, qui sont consignées dans les discours, dans les harangues publiques, dans tous les écrits que j’accuse ici aux yeux de toute la France, et qui seront condamnés par la nation et par la postérité. Enfin j’ai vu le comité de défense générale, composé en grande partie de toutes les factions, s’appliquer constamment à retcirder les mesures nécessaires au salut public, pour donner le temps à Dumouriez d’exécuter ses projets monstrueux. Alors vous vous rappelez le jugement que Dumouriez portoit lui-même ; car, tandis qu’il déclaroit qu’il venoit de mettre les révolutionnaires à la raison, il déclaroit que le comité de défense générale, tel qu’il étoit composé, étoit très-bien composé, à l’exception de cinq à six membres. Tout ce qui s’est passé depuis cette époque, répond trop parfaitement à l’esprit qui dirigeoit sa fatale influence sur nos délibérations. L’assemblée a sans doute commis une erreur bien grande lorsqu’elle a regardé Beurnonville comme un ambassadeur digne d’elle auprès de Dumouriez. En embrassant tous les faits, en rapprochant l’intelligence de Beurnonville avec Dumouriez et les généraux, elle auroit dû voir qu’elle envoyoit un complice à un coupable. Elle n’a sans doute pas été dupe d’une certaine comédie jouée à cette barre, où on lui annonçoit que Beurnonville avoit été frappé par un des satellites de Dumouriez. Elle n’a pas été non plus la dupe lorsqu’on lui a dit que Dumouriez se plaignoit que son ami Beurnonville étoit venu l’assassiner ; mais tout cela suppose la continuation de l’ascendant de la faction, cette faction que j’ai tâché de dévoiler autant qu’il étoit en moi dans ce moment. Plusieurs circonstances ont dérangé ici le cours de mes idées ; et si j’en ai présenté une partie dans ce moment, avant d’avoir pu donner tous les faits et résumer les chefs d’accusation, c’est parce que l’audace avec laquelle les conspirateurs dherchoient à détourner l’accusation publique de dessus leur conduite, par une de ces farces misérables, par lesquelles ils nous ont trop, souvent abusés étoit extrême. Mais ils ont fini, j’espère, par persuader qu’il étoit temps de confondre les traîtres. Je la soutiendrai cette accusation. Je réclame ’ le droit de la soutenir devant les tribunaux, de la soutenir devant la Convention nationale, si elle veut s’en occuper d’une manière sérieuse et approfondie, sur-tout d’une manière calme et impartiale ; si elle veut m’entendre, après avoir entendu ceux qui voudront monter à cette tribune.

Mais, je soutiens que dès ce moment il est prouvé aux yeux