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SÉANCE DU 26 MESSIDOR AN II

de lui, par laquelle il priait les Jacobins de suspendre leur jugement jusqu’à ce que les Comités de salut public et de sûreté générale aient fait leur rapport sur sa conduite publique et privée. Robespierre prend aussitôt la parole.

Après lui, un citoyen de Commune-Affranchie rapporta contre Fouché quelques faits graves ; la Société les renvoya au Comité de salut public. Fouché fut finalement exclu des Jacobins. Deux citoyens, Tolède et Dessyrier[1], qui se trouvaient à Commune-Affranchie du temps de Fouché, et qui se prétendent inculpés, montent à la tribune. Robespierre reprend la parole et des membres de la Société rendent justice au patriotisme de ces deux citoyens.

Journal de la Montagne, n° 80, p. 649-50[2] ; Courrier républicain, n° 258, p. 126, n° 259, p. 135 ; Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 303, p. 1239[3] ; Messager du soir, n° 696, p. 2 ; Courrier de l’Égalité, t. IX, n° 697 et 698, p. 224, 231, 232 ; Gazette française, 29 messidor, p. 2536-37 ; Nouvelles politiques…, t. IV, n° 239, p. 954-55 ; Mercure universel, XLI, 457-59 ; Journal des Hommes libres, 29 messidor, p. 804, 30 messidor, p. 843-44 ; Abréviateur universel, n° 563, p. 2250.

« Robespierre. Je commence par faire la déclaration que l’individu Fouché ne m’intéresse nullement. J’ai pu être lié avec lui parce que je l’ai cru patriote ; quand je l’ai dénoncé ici, c’étoit moins à cause de ses crimes passés que parce qu’il se cachoit pour en commettre d’autres, et parce que je le regarde comme le chef de la conspiration que nous avons à dévoiler.

J’examine la lettre qui vient d’être lue, et je vois qu’elle est écrite par un homme qui, étant accusé pour des crimes, refuse de se justifier devant ses concitoyens. C’est le commencement d’un système de tyrannie ; celui qui refuse de répondre à une Société populaire dont il est membre, est un homme qui attaque l’institution des Sociétés populaires.

Ce mépris pour la Société des Jacobins est d’autant plus inexcusable, que Fouché lui-même n’a point refusé son suffrage, lorsqu’il fut dénoncé par les patriotes de Nevers, et que même il se réfugia au fauteuil des Jacobins[4]. Il y fut placé, parce qu’il avoit des agens dans cette Société, lesquels avoient été à Commune-Affranchie. Il vous débite un grand discours sur sa conduite dans la mission dont il avoit été chargé. Je ne chercherai pas à analyser ce discours ; la Société a jugé que Fouché ne veut rien dire, puisque ses réflexions sont insignifiantes.

Il est étonnant que celui qui, à l’époque dont je parle, briguoit l’approbation de la Société, la néglige lorsqu’il est dénoncé, et qu’il

  1. Tolède (Jean), peintre en décors, membre du Comité révolutionnaire de la section parisienne du Faubourg-du-Nord, adjudant-major du 5e bataillon de l’armée révolutionnaire parisienne, secrétaire de Collot-d’Herbois, à Lyon. Dessyrier, prote-imprimeur de la section de la Cité, caporal des canonniers de cette Section. Voir à leur propos R. Cobb, Les armées révolutionnaires, p. 90-91 et 206.
  2. Reproduit dans Aulard, VI, 219 ; Buchez et Roux, XXXIII, 345. Mention dans G. Walter, p. 740.
  3. Mon., XXI, 261.
  4. Voir ci-dessus, séance du 23 prairial (n° 129).