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une œuvre de critique. C’est une dissertation qui contient de ci de là des vues originales, mais où manquent les arguments et les exemples. Il est possible que Robespierre ait émis sur le drame tel qu’il le concevait les théories que développera plus tard l’école romantique ; il faut lui savoir gré d’avoir déclaré que Voltaire avait déployé beaucoup d’esprit ailleurs que dans ses comédies.

Le parallèle qu’il a établi entre les deux écrivains est tout à l’avantage de Gresset et Voltaire me semble avoir été un peu rabaissé.

Il est vrai que Voltaire a risqué d’affaiblir la moralité des humbles en détruisant le sentiment religieux qui est leur consolation et ne pardonne pas à Gresset d’avoir quitté l’Église pour finir par une tacite soumission. « Écrivains plus célèbres encore, écrit Robespierre, par vos écarts que par vos talents, vous étiez nés pour adoucir les maux de vos semblables, pour jeter quelques fleurs sur le passage de la vie humaine, et vous êtes venus en empoisonner le cours. Vous vous êtes faits un jeu cruel de déchainer sur nous toutes les passions terribles qui font nos misères et nos crimes….. J’ai fait un mérite à Gresset des choses même qui lui ont attiré les sarcasmes d’un grand nombre de gens de lettres ; j’ai osé insister sur sa vertu, sur son respect pour les mœurs, sur son amour pour la religion ; je me suis donc exposé au ridicule aux yeux d’une foule de beaux esprits ; mais, en même temps, je me suis assuré deux suffrages faits pour me dédommager de cet inconvénient, celui de ma conscience et le vôtre. »

C’est déjà le même Robespierre qui raillera plus tard si cruellement la sécheresse de cœur et plus encore l’ironie des Encyclopédistes dans son fameux discours du 18 floréal.