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que nous nous conformerions mieux à l’esprit du législateur, en ajoutant à l’attrocité de la loi.

Tandis que tous les bons citoyens gémissent à la vue des atteintes portées à la liberté civile, que les vrais magistrats désirent et cherchent un remède à tant de maux, M. DUPATY ne s’en tient point à des vœux stériles, il ose dénoncera la nation les attentats de notre législation criminelle[1]. Il ne craint pas de dire hautement la vérité, lorsqu’elle importe au bonheur public. C’est dans ces écrits sublimes et touchans, où son ame et son génie respirent encore, où la vie d’un homme est appréciée ce qu’elle vaut, où tout est consacré au bien de l’humanité, où l’on retrouve partout le philosophe profond et le magistrat vertueux, que nous pouvons puiser des lumières et des vérités utiles ; car il ne nous est plus permis de nous endormir sur le sein de tant d’abus révoltans, aujourd’hui que notre souverain, uniquement occupé du bonheur de son peuple, nous invite avenir déposer dans son cœur paternel le sujet de nos plaintes ; aujourd’hui qu’il nous consulte dans une assemblée auguste de la nation et cherche avec nous les moyens les plus sages et les plus prompts de remédier aux maux qui nous environnent de toutes parts. C’est donc le moment de mettre sous ses yeux tous les vices dont nos lois criminelles sont infectées, tous les pleurs qu’elles ont arrachés à l’innocence, tout le sang qu’elles ont injustement répandu sur les échauffauds.

Il est des hommes qui désirent le bien, qui ont assez de lumières pour apercevoir le chemin qui y conduit, mais dont l’ame faible et sans caractère est effrayée par les obstacles que leur présente la corruption de leur siècle : ils craignent de déplaire ; ils n’ont pas assez de courage pour s’engager

  1. Il y a long-temps que l’on se plaint des abus dont notre code pénal est rempli. Les lois criminelles en France se sont beaucoup occupées des accusateurs et presque point des accusés ; elles semblent avoir été faites pour un peuple barbare et non pour un peuple doux et civilisé. M. Dupaty travaillait depuis longtemps à un ouvrage sur cette matière si importante. On regrettera toujours qu’il n’ait pas assez vécu pour y mettre la dernière main et en enrichir la patrie.