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premiers à la question préalable, et à la mort ; et les trois autres à la question préparatoire et aux galères perpétuelles [1]. En 1783 il plaidait éloquemment la cause de trois infortunés, Bradier, Simarre et Lardoise condamnés à la roue ; le mémoire justificatif qu’il écrivit fit grand bruit[2]. Le Parlement de Paris, par arrêt du 11 août 1786 condamna le mémoire à être lacéré et brûlé par la main du bourreau. Le public se passionna pour la cause devenue célèbre et le défenseur en sortit grandi, respecté et admiré. Dupaty mourut en pleine gloire[3], à l’aube de la Révolution.

C’était, écrivait La Harpe : « Un magistrat vertueux que la philosophie avait affranchi des préjugés de son état et dont elle pleure aujourd’hui la perle avec tous les malheureux dont il était le protecteur ; le courageux du Paty qui descendoit dans les cachots pour en tirer des innocens, et qui consacroit a les défendre, son temps ses talents et sa fortune, attaquoit avec foule l’énergie d’une belle âme les vices monstrueux de notre procédure criminelle, les dénonçait à l’indignation de l’Europe et à l’équité bienfaisante du souverain ».

Et Condorcet écrivait dans la vie de Voltaire : « c’est ainsi qu’on a vu un magistrat enlevé trop tôt à ses amis et aux malheureux intéresser l’Europe à la cause de trois paysans de Champagne, et obtenir par son éloquence et par la persécution, une gloire brillante et durable, pour prix d’un zèle que le sentiment de l’humanité, l’amour de la justice avaient seuls inspiré. Les hommes incapables de ces actions ne manquent jamais de les attribuer au désir de la renommée.

  1. MDCCLXXVII, 8o, 116 p.
  2. Mémoire justificatif pour trois hommes condamnés à la roue. À Paris, de l’imprimerie de Philippe Denis Pierre, premier imprimeur ordinaire du Roi, 1786, 4o, 251 p.
  3. La mort de M. le président Dupaty, élégie par M. Messent, suivi de vers prononcés devant M. le président Dupaty et devant les trois infortunés dont il avait pris la défense à son retour de Rouen, où il avait enfin obtenu l’arrêt qui les déclaroit innocens. De l’imprimerie de N.-H. Nyon, rue Mignon, 1789, 14 p.