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la corruption du goût et la dépravation des mœurs auxquelles il trouvoit une origine commune.

Personne n’ignore que ce discours trouva beaucoup de Censeurs, et personne n’en doit être surpris. La vérité des reproches qu’il fait à nos mœurs, eut peut-être été moins évidentes, s’il eût obtenu une approbation générale. On prétendit que le procédé de l’Auteur étoit contraire à la bienséance ; je ne vois aucun fondement à cette opinion, à moins qu’on ne dise qu’il est indécent de plaider la cause de la vertu dans un siècle où elle est devenue ridicule : car on ne vouloit pas dire sans doute que le chef de l’Académie Françoise eut blessé la bienséance, pour avoir réclamé au milieu d’elle contre la corruption de la langue et du goût, ou pour avoir vengé les mœurs devant une Compagnie faite pour répandre les lumières, et, par conséquent les bonnes mœurs et les bons principes.

Au reste, Gresset n’étoit pas seulement destiné à faire la gloire de son pays, il devoit encore en être le bienfaiteur. On sçait combien son zèle contribua à l’établissement de l’Académie d’Amiens. Ainsi, Messieurs, les services que vous avez rendus, et que vous rendrez encore aux lettres et à votre Patrie, sont autant de titres qui lui donnent des droits à la reconnoissance de ses concitoyens. Il dût goûter avec une vive satisfaction les fruits de cette heureuse entreprise, lorsqu’il vit vos lumières et votre zèle si puissamment secondés par les dépositaires de l’autorité dans votre Province ; vous n’oublierez jamais le nom de ce Magistrat qui semble regarder le soin de contribuer aux succès et à la gloire de l’Académie, comme un des plus nobles devoirs de son administration. Ce n’est point assez pour lui d’encourager les Sciences, et de les exciter par ses bienfaits à des découvertes importantes au bien public ; vous l’avez encore vu au milieu de vous, célébrer leurs merveilles avec noblesse et avec grâce ; et joindre à la gloire de protéger les Lettres, celle de les cultiver lui-même avec succès.

Je rends sans scrupule cet hommage à votre Mécène, quel-