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les confidens ? Qui n’a point desiré, par exemple, de lire l’Ouvroir ? Cette pièce qui a fait une si vive sensation sur tous ceux qui en ont entendu la lecture, est-elle absolument perdue pour les lettres ? Un ouvrage qui promettoit une si douce jouissance à tous les gens de goût, ne leur causera-t-il que des regrets ? Quelle main jalouse d’ajouter une nouvelle fleur à la couronne de Gresset, remplira enfin le vœu du Public par ces dons précieux, auxquels il semble avoir tant de droits.

Je ne crois pas devoir passer sous silence des productions d’une autre espèce, qui me paroissent très-intéressantes sous certains rapports ; mais que d’autres pourroient bien ne pas voir du même œil que moi.

La Capitale voyoit de tems en tems Gresset reparoître au milieu de l’Académie Françoise, dont il étoit membre. Chargé de porter la parole en qualité de Directeur à la tête de cette Compagnie, on sçait quel langage il parla quelquefois et avec quelles dispositions il fut écouté.

Cette vigoureuse indignation que le vice inspira toujours aux âmes droites, étoit encore fortifiée dans celle de Gresset par l’habitude de cultiver la vertu au sein de la retraite, loin de cette Ville immense dont les mœurs accoutument nécessairement nos yeux au spectacle de tous les excès, et ce sentiment profond se marqua quelquefois dans les discours dont je parle.

Ce fut sans doute pour le Public une scène assez nouvelle de voir le Directeur de l’Académie Françoise, chargé de répondre à un Discours de Réception qui contenoit le plus magnifique éloge de ce siècle, ne pas appuyer le sentiment de l’Orateur ; ne pas enrichir sur son enthousiasme ; mais trouver que ce siècle n’est pas le meilleur des siècles possibles ; croire, en dépit de toutes les lumières dont il se vante, que le plus fortuné de tous les âges n’est pas celui où un débordement de désolantes doctrines a renversé toutes les digues des passions irritées par les énormes besoins du luxe, et s’élever au nom de la raison et de la vérité, contre