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dans le cœur de sa jeune épouse. Dans tous les âges, ils rendront un témoignage honorable du caractère de leur Auteur ; et formant le goût des Citoyens, sans corrompre leurs mœurs, ils leur présenteront souvent sous l’attrait d’un plaisir honnête, les utiles leçons de la sagesse et de la vérité ».

Mais plus encore que vos ouvrages, votre vie rendra votre nom respectable et cher à la postérité. L’image de votre ame gravée dans le cœur de vos compatriotes qui se montrent aujourd’hui si jaloux d’honorer votre mémoire, fera encore aimer la vertu chez les générations futures, lorsqu’animés d’un sentiment patriotique, ils citeront les productions de votre génie, comme des monumens glorieux à leur pays ; ils ajouteront : « Son cœur étoit encore au-dessus de ses talens ; il fut quelque chose de plus qu’un Écrivain célèbre ; il fut juste, modeste, sensible, bienfaisant, ami sincère, tendre époux, excellent citoyen ».

Parmi ces sublimes Philosophes, qui censurent si amèrement la conduite de Gresset, en est-il beaucoup dont la postérité pourra faire un semblable éloge ? Voilà une gloire qu’ils n’ont pas même songé à lui disputer. Bornant toute leur ambition au mérite de bien écrire, ils ont fait de vains efforts pour rabaisser ses talens ; ils ont osé entreprendre de l’avilir par ses vertus mêmes, et c’est par elles qu’il s’est élevé au-dessus de tous ses rivaux. Quelques-uns d’eux sont parvenus à la célébrité ; lui seul a sçu mériter l’estime et la vénération publique. Tandis que leur absurde jalousie s’exhaloit en clameurs impuissantes, tranquille, inaccessible à leurs faibles traits, il ne fut pas même tenté de les écraser par la supériorité de ses talens. Eh ! comment leur malignité auroit-elle troublé son repos ? Lui ôtoit-elle quelque chose de sa vertu ? Touchoit-elle aux véritables fondemens de sa gloire et de son bonheur.

Je me livre, Messieurs, au plaisir de m’étendre sur ce sujet ; mais vous seul peut-être pourriez le bien remplir. Qui peut connoître aussi bien que vous des vertus qui ont