Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, X.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah tu n’es pas le premier qui la trouve belle, et beaucoup l’ont désirée, mais elle m’aime ! Eh ! bien, du Tillet, reprit Birotteau, mon ami, ne faites pas les choses à demi.

— Comment ?

Birotteau expliqua l’affaire des terrains à du Tillet qui ouvrit de grands yeux et complimenta le parfumeur sur sa pénétration, sur sa prévision, en vantant l’affaire.

— Eh ! bien, je suis bien aise de ton approbation, vous passez pour une des fortes têtes de la Banque, du Tillet ! Cher enfant, vous pouvez m’y procurer un crédit afin d’attendre les produits de l’Huile Céphalique.

— Je puis vous adresser à la maison Nucingen, répondit du Tillet en se promettant de faire danser toutes les figures de la contredanse des faillis à sa victime.

Ferdinand se mit à son bureau pour écrire la lettre suivante :

À MONSIEUR LE BARON DE NUCINGEN.
À Paris.
« Mon cher baron,

« Le porteur de cette lettre est monsieur César Birotteau, adjoint au maire du deuxième arrondissement et l’un des industriels les plus renommés de la parfumerie parisienne ; il désire entrer en relation avec vous. Faites de confiance tout ce qu’il veut vous demander ; en l’obligeant, vous obligez

Votre ami,
F. du Tillet. »

Du Tillet ne mit pas de point sur l’i de son nom. Pour ceux avec lesquels il faisait des affaires, cette erreur volontaire était un signe de convention. Les recommandations les plus vives, les chaudes et favorables instances de sa lettre ne signifiaient rien alors. Cette lettre, où les points d’exclamation suppliaient, où du Tillet se mettait à genoux, était arrachée par des considérations puissantes ; il n’avait pas pu la refuser ; elle devait être regardée comme non avenue. En voyant l’i sans point, son ami donnait alors de l’eau bé-