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LES PARISIENS EN PROVINCE : LA MUSE DU DÉPARTEMENT.
il ne pouvait pas sortir d’une poitrine humaine…

— Santa Maria ! dit l’inconnu.

— Si je quitte cette place, je ne saurai plus la retrouver ! pensa Rinaldo quand il reprit son sang-froid accoutumé. Frapper, je serai reconnu : que faire ?

— Qui donc est là ? demanda la voix.

— Hein ! dit le brigand, les crapauds parleraient-ils, ici ?

— Je suis le duc de Bracciano ! Qui

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OLYMPIA,


que vous soyez, si vous n’appartenez pas à la duchesse, venez, au nom de tous les saints, venez à moi…

— Il faudrait savoir où tu es, monseigneur le duc, répondit Rinaldo avec l’impertinence d’un homme qui se voit nécessaire.

— Je te vois, mon ami, car mes yeux se sont accoutumés à l’obscurité. Écoute, marche droit… bien… tourne à gauche… viens… ici… Nous voilà réunis.

Rinaldo, mettant ses mains en avant par prudence, rencontra des barres de fer.

— On me trompe ! cria le bandit.

— Non, tu as touché ma cage…

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OU LES VENGEANCES ROMAINES.


Assieds-toi sur un fût de porphyre qui est là.

— Comment le duc de Bracciano peut-il être dans une cage ? demanda le bandit.

— Mon ami, j’y suis, depuis trente mois, debout, sans avoir pu m’asseoir… Mais qui es-tu, toi ?

— Je suis Rinaldo, le prince de la campagne, le chef de quatre-vingts