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II. LIVRE, SCÈNES DE LA VIE DE PROVINCE.

madame de La Baudraye qui parut à monsieur de Clagny, au Receveur des contributions et à Gatien plus affectueuse que la veille avec Étienne. Ces amants de Dinah regrettèrent bien d’être allés tous à Sancerre, où ils avaient tambouriné la soirée d’Anzy. Jamais, à les entendre, rien de si spirituel ne s’était dit. Les Heures s’étaient envolées sans qu’on pût en voir les pieds légers. Les deux Parisiens furent célébrés par eux comme deux prodiges.

Ces exagérations trompetées sur le Mail eurent pour effet de faire arriver seize personnes le soir au château d’Anzy, les unes en cabriolet de famille, les autres en char-à-bancs, et quelques célibataires sur des chevaux de louage. Vers sept heures, ces provinciaux firent plus ou moins bien leurs entrées dans l’immense salon d’Anzy que Dinah, prévenue de cette invasion, avait éclairé largement, auquel elle avait donné tout son lustre en dépouillant ses beaux meubles de leurs housses grises, car elle regarda cette soirée comme un de ses grands jours. Lousteau, Bianchon et Dinah échangèrent des regards pleins de finesse en examinant les poses, en écoutant les phrases de ces visiteurs alléchés par la curiosité. Combien de rubans invalides, de dentelles héréditaires, de vieilles fleurs plus artificieuses qu’artificielles se présentèrent audacieusement sur des bonnets bisannuels ! La Présidente Boirouge, cousine de Bianchon, échangea quelques phrases avec le docteur, de qui elle obtint une consultation gratuite en lui expliquant de prétendues douleurs nerveuses à l’estomac dans lesquelles il reconnut des indigestions périodiques.

— Prenez tout bonnement du thé tous les jours une heure après votre dîner, comme les Anglais, et vous serez guérie, car ce que vous éprouvez est une maladie anglaise, répondit gravement Bianchon.

— C’est décidément un bien grand médecin, dit la Présidente en revenant auprès de madame de Clagny, de madame Popinot-Chandier et de madame Gorju la femme du maire.

— On dit, répliqua sous son éventail madame de Clagny, que Dinah l’a fait venir bien moins pour les Élections que pour savoir d’où provient sa stérilité…

Dans le premier moment de leur succès, Lousteau présenta le savant médecin comme le seul candidat possible aux prochaines Élections. Mais Bianchon, au grand contentement du nouveau Sous-Préfet, fit observer qu’il lui paraissait presque impossible d’abandonner la science pour la politique.