simples soldats, parmi lesquels se trouvaient Benjamin et Kouski, qui répétèrent à la Grande-Armée !
— Entrez, mes enfants ! on va boire à sa santé ! dit le commandant Potel.
Les vieux soldats entrèrent et se placèrent tous debout derrière les officiers.
— Tu vois bien qu’il n’est pas mort ! dit Kouski à un ancien sergent qui sans doute avait déploré l’agonie de l’Empereur enfin terminée.
— Je réclame le second toast, fit le commandant Mignonnet.
On fourragea quelques plats de dessert par contenance, Mignonnet se leva.
— À ceux qui ont tenté de rétablir son fils, dit-il.
Tous, moins Maxence Gilet, saluèrent Philippe Bridau, en lui tendant leurs verres.
— À moi, dit Max qui se leva.
— C’est Max ! c’est Max ! disait-on au dehors.
Un profond silence régna dans la salle et sur la place, car le caractère de Gilet fit croire à une provocation.
— Puissions-nous tous nous retrouver à pareil jour, l’an prochain !
Et il salua Philippe avec ironie.
— Ça se masse, dit Kouski à son voisin.
— La police à Paris ne vous laissait pas faire des banquets comme celui-ci, dit le commandant Potel à Philippe.
— Pourquoi, diable ! vas-tu parler de police au colonel Bridau ? dit insolemment Maxence Gilet.
— Le commandant Potel n’y entendait pas malice, lui !… dit Philippe en souriant avec amertume.
Le silence devint si profond, qu’on aurait entendu voler des mouches s’il y en avait eu.
— La police me redoute assez, reprit Philippe, pour m’avoir envoyé à Issoudun, pays où j’ai eu le plaisir de retrouver de vieux lapins ; mais, avouons-le ? il n’y a pas ici de grands divertissements. Pour un homme qui ne haïssait pas la bagatelle, je suis assez privé. Enfin, je ferai des économies pour ces demoiselles, car je ne suis pas de ceux à qui les lits de plume donnent des rentes, et Mariette du grand Opéra m’a coûté des sommes folles.
— Est-ce pour moi que vous dites cela, mon cher colonel ? de-