un écran fait en plumes d’oiseaux indiens. Que dites-vous tout bas ?
— Je disais, reprit Paul, combien je vous aime, puisque les convenances me défendent de vous exprimer mes désirs.
— Pourquoi ?
— Je me crains.
— Oh ! vous avez trop d’esprit pour ne pas savoir bien monter les joyaux de la flatterie. Voulez-vous que je vous dise mon opinion sur vous ?… Eh ! bien, je vous trouve plus d’esprit qu’un homme amoureux n’en doit avoir. Être la fleur des pois et rester très spirituel, dit-elle en baissant les yeux, c’est avoir trop d’avantages : un homme devrait opter. Je crains aussi, moi !
— Quoi ?
— Ne parlons pas ainsi. Ne trouvez-vous pas, ma mère, que cette conversation est dangereuse quand notre contrat n’est pas encore signé ?
— Il va l’être, dit Paul.
— Je voudrais bien savoir ce que se disent Achille et Nestor, dit Natalie en indiquant par un regard d’enfantine curiosité la porte d’un petit salon.
— Ils parlent de nos enfants, de notre mort et de je ne sais quelles autres frivolités semblables ; ils comptent nos écus pour nous dire si nous pourrons toujours avoir cinq chevaux à l’écurie. Ils s’occupent aussi de donations, mais je les ai prévenus.
— Comment ? dit Natalie.
— Ne me suis-je pas déjà donné tout entier ? dit-il en regardant la jeune fille dont la beauté redoubla quand le plaisir causé par cette réponse eut coloré son visage.
— Ma mère, comment puis je reconnaître tant de générosité ?
— Ma chère enfant, n’as-tu pas toute la vie pour y répondre ? Savoir faire le bonheur de chaque jour, n’est-ce pas apporter d’inépuisables trésors ? Moi, je n’en avais pas d’autres en dot.
— Aimez-vous Lanstrac ? dit Paul à Natalie.
— Comment n’aimerais-je pas une chose à vous ? dit-elle. Aussi voudrais-je bien voir votre maison.
— Notre maison, dit Paul. Vous voulez savoir si j’ai bien prévu vos goûts, si vous vous y plairez. Madame votre mère a rendu la tâche d’un mari difficile, vous avez toujours été bien heureuse ; mais quand l’amour est infini, rien ne lui est impossible.
— Chers enfants, dit madame Évangélista, pourrez-vous rester à