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Je ne voyais rien, moi ; alors, je rejoignis les autres, et je l’aperçus ; il était effrayant et fantastique à voir, ce chien, un gros chien noir, un chien de berger à grands poils et à la tête de loup, dressé sur ses quatre pattes, tout au bout de la longue traînée de lumière que faisait la lanterne sur la neige. Il ne bougeait pas ; il s’était tu ; et il nous regardait.

Mon oncle dit : « C’est singulier, il n’avance ni ne recule. J’ai bien envie de lui flanquer un coup de fusil. »

Mon père reprit d’une voix ferme : « Non, il faut le prendre. »

Alors mon frère Jacques ajouta : « Mais il n’est pas seul. Il y a quelque chose à côté de lui. »

Il y avait quelque chose derrière lui, en effet, quelque chose de gris, d’impossible à distinguer. On se remit en marche avec précaution.

En nous voyant approcher, le chien s’assit sur son derrière. Il n’avait pas l’air méchant. Il semblait plutôt content d’avoir réussi à attirer des gens.

Mon père alla droit à lui et le caressa. Le chien lui lécha les mains ; et on reconnut qu’il était attaché à la roue d’une petite voi-