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II

Donc, cette année, comme les autres années, j’ai été dîner chez les Chantal pour fêter l’Épiphanie.

Selon la coutume, j’embrassai M. Chantal, Mme Chantal et Mlle Perle, et je fis un grand salut à Mlles Louise et Pauline. On m’interrogea sur mille choses, sur les événements du boulevard, sur la politique, sur ce qu’on pensait dans le public des affaires du Tonkin, et sur nos représentants. Mme Chantal, une grosse dame, dont toutes les idées me font l’effet d’être carrées à la façon des pierres de taille, avait coutume d’émettre cette phrase comme conclusion à toute discussion politique : « Tout cela est de la mauvaise graine pour plus tard ». Pourquoi me suis-je toujours imaginé que les idées de Mme Chantal sont carrées ? Je n’en sais rien ; mais tout ce qu’elle dit prend cette