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Après tristesses et douleurs,
Labeurs et griefz cheminemens,
Travail mes lubres sentemens,
Esguisez comme une pelote,
M’ouvrist plus que tous les Commens
D’Averroys sur Aristote.

XIII.

Combien qu’au plus fort de mes maulx,
En cheminant sans croix ne pile,
Dieu, qui les Pellerins d’Esmaus
Conforta, ce dit l’Evangile,
Me montra une bonne ville
Et pourveut du don d’esperance ;
Combien que le pecheur soit vile,
Riens ne hayt que perseverance.

XIV.

Je suys pecheur, je le sçay bien ;
Pourtant Dieu ne veult pas ma mort,
Mais convertisse et vive en bien ;
Mieulx tout autre que peché mord,
Soye vraye voulenté ou enhort,
Dieu voit, et sa misericorde,
Sa conscience me remord,
Par sa grace pardon m’accorde.

XV.

Et, comme le noble Romant
De la Rose dit et confesse
En son premier commencement,
Qu’on doit jeune cueur, en jeunesse,
Quant on le voit vieil en vieillesse,
Excuser ; helas ! il dit voir.