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POÉSIES

LA CINQUIESME REPEUE
DU PELLETIER.

Ung jour advint qu’ung Pelletier
Espousa une belle femme
Qui appetoit le bas mestier,
En faisant recorder sa game.
Le Pelletier, sans penser blasme,
Ne s’en soucioit qu’ung petit :
Mieulx aymoit du vin une dragme,
Que coucher dedens ung beau lit.

Ung curé, voyant cest affaire,
De la femme fut amoureux,
Et pensa qu’à son presbytaire
Il maineroit ce maistre gueux.
Il s’en vint à luy tout joyeux,
A celle fin de le tromper,
En disant : « Mon voysin, je veux
Vous donner ennuyt à soupper. »

Le Pelletier en fut content,
Car il ne vouloyt que repaistre,
Et alla tout incontinent
Faire grant chère avec le prestre,
Qui luy joua d’un tour de maistre,
Disant : « Ma robbe est deffourrée ;
Il vous y convient la main mettre,
Affin qu’elle soit reffourrée.