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ATTRIBUÉES A VILLON.

IV. RONDEL.

Se mieulx ne vient d’amours, peu me contente ;
Une j’en sers qui est bien suffisante
Pour contenter un grant duc ou un roy.
Je l’ayme bien, mais non pas elle moy ;
Il n’est besoing que de ce je me vante.

Combien qu’elle est de taille belle et gente,
De m’en louer pour ceste heure presente
Pardonnez-moy, car je n’y voy de quoy ;
Se mieulx ne vient d’amours, peu me contente.

Quant je luy dy de mon vouloir l’entente,
Et cueur et corps et biens je luy presente,
Pour tout cela remede je n’y voy.
Deliberé suis, sçavez-vous de quoy ?
De luy quicter et le jeu et l’actente.
Se mieulx ne vient d’amours, peu me contente.


V. RONDEL.

De mon faict je ne sçay que dire ;
Par tout où je vois je m’adire,
Et des yeulx voy moins que du coute.
En danger suis qu’il ne me couste
La vie, tant suis remply d’ire.

De mon faict je ne sçay que dire,
Car ma dame si ne tient compte
De mon martyre, quant luy compte,
Mais me dit que trop aise suis,
Et qu’en ce royaulme n’a conte
Qui ait de nulle meilleur compte
Que j’ay d’elle, quant je la suis.