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toutes les informations qui étaient en leur pouvoir, cependant il est toujours arrivé que les connaissances statistiques ne m’ont pas été accessibles. Mais il est impossible de se méprendre sur le mérite d’une politique dont le résultat éclate dans la satisfaction et la prospérité générales. Dans la plupart des cantons manufacturiers de la Suisse, le pouvoir législatif est, non pas indirectement, mais très directement aux mains des classes populaires. Si leur système commercial était opposé à l’intérêt commun, il ne pourrait pas subsister un seul jour ; mais il est sanctionné par l’universelle expérience et l’universelle approbation. Deux millions d’hommes, placés dans les conditions les plus désavantageuses, ont fait systématiquement l’épreuve de la liberté absolue du commerce. Les résultats incontestables sont de nature à détruire tous les doutes de l’observateur honnête et désintéressé. »

« La Suisse est très-éloignée de tout grand centre commercial ; le coton qu’elle fabrique doit y être transporté, pendant des centaines de milles, de la Méditerranée ou des rivages encore plus éloignés de l’Atlantique. Elle importe la soie de la France et de l’Italie, et la laine de l’Allemagne. »

« Lorsque ses produits cherchent un marché extérieur, ils rencontrent les mêmes droits, les mêmes risques et les mêmes frais d’un transit lent, difficile et dispendieux ; il faut qu’ils traversent les montagnes du Jura ou des Alpes. Cependant, malgré ces obstacles, on les trouve sur tous les grands marchés de l’univers, et la raison en est simple : en Suisse, l’industrie est abandonnée à elle-même ; la richesse n’a point été détournée par les lois de sa tendance naturelle ; on n’y a pas vu cette lutte stupide encouragée par le gouvernement entre les monopoles du petit nombre et les intérêts des masses. Le consommateur est resté libre d’acheter au meilleur marché, comme le pro-