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cette confusion dont vous parlez que de débattre à fond la question devant le public ? Ou bien les armes dont l’erreur fait usage sont-elles interdites à la vérité, et faut-il que les monopoleurs aient encore le monopole de la parole ?

« Quand les conflits auront peu à peu disparu par la force des choses, — dites-vous, — alors surgira pour nous, comme pour l’Angleterre, cette grande question de réforme, que l’Association bordelaise cherche en vain aujourd’hui à précipiter à contre-temps. »

Fort bien : quand tout le monde sera d’accord, vous nous permettrez de parler ; et quand la lumière se sera faite par la force des choses, vous ne verrez plus d’inconvénient à ce que nous en appelions à la force des raisons. — Trouvez bon que nous ne nous laissions pas renfermer dans ce cercle vicieux. Vraiment, vous vous faites la part trop belle, car votre proposition revient à ceci : Maintenant, il y a conflit d’opinions ; que les moyens d’information soient tous de notre côté, et si, malgré cela, la doctrine de la liberté triomphe par la seule force des choses, alors la réforme commerciale pourra surgir, non en fait, mais à l’état de question.

Ensuite, toujours pour prouver que notre principe est faux et qu’en tout cas il est inutile de chercher à le répandre, vous dites : « Il y a vingt-six ans et plus que cette doctrine de la liberté s’agite en Angleterre. MM. Huskisson, Bowring et d’autres hommes éminents avaient formé école et poursuivaient avec un zèle infatigable la réalisation de leurs plans. Il a fallu cependant près d’un quart de siècle, dans un pays où les principes économiques sont admirablement étudiés et compris, il a fallu qu’à des doctrines nouvelles des faits vinssent, un à un, graduellement et par une sorte d’attraction, prêter toute l’autorité d’un problème résolu, avant qu’un homme d’État, abdiquant ses convictions passées, ses antécédents politiques, osât proclamer à la face de son pays qu’il était prêt à entre-