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la propagande, vous n’aurez qu’à ouvrir vos ports et vos frontières, afin que chacun vienne contempler parmi vous les miracles de la liberté. »

« Croyez-vous hâter le triomphe de la démocratie en vous montrant toujours prêt à fondre sur le monde, le cimeterre d’une main et votre Koran de l’autre ? Si les autres peuples sont dans l’erreur, l’erreur périt-elle sous le sabre et la baïonnette ? Ne craignez-vous pas qu’ils ne finissent par se dire : « Cette nation prétend avoir reçu du ciel la mission de convertir toutes les autres à la vraie foi politique, qui est la fraternité et voyez : elle transforme ses laboureurs en soldats, ses charrues en épées, ses navires marchands en vaisseaux de guerre ; elle hérisse le sol d’arsenaux, de casernes et de citadelles ; elle gémit sous le poids des taxes, elle a remis toutes ses forces vives entre les mains de quelques chefs d’armée, ah ! gardons-nous de l’imiter ! »

Puisque je suis sur ce sujet, je vous demanderai la permission de montrer l’intime connexité qu’il y a d’un côté entre le régime restrictif et l’esprit de guerre, de l’autre entre le libre-échange et l’esprit de paix. C’est le côté le plus important et peut-être le moins compris de notre belle cause. Je suis forcé de recourir à une dissertation économique, car ce n’est pas aux passions, ni même au sentiment que je m’adresse, mais à la conviction.

Deux systèmes économiques sont en présence.

L’un, celui qui domine dans les législations et dans les intelligences, fait consister le progrès dans l’excédant des ventes sur les achats, dans l’excédant des exportations sur les importations, en un mot dans ce qu’on a appelé la balance du commerce.

L’autre, celui que nous nous efforçons de propager, en est justement le contre-pied. Il ne voit dans ce qu’un peuple exporte que le payement de ce qu’il importe. À nos yeux, l’essentiel, c’est que chaque payement, le moindre possible,