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épuisé tous leurs sophismes, dépensé toutes leurs munitions. Associations, cotisations, pétitions, écrits, menaces, nos adversaires ont tout mis en œuvre, et à quoi ont-ils abouti ? Remarquez bien ceci : Il y a deux ans, ils dominaient le présent et se croyaient maîtres de l’avenir. Aujourd’hui ils sont partout sur la défensive. Alors, ils n’avaient que cette question à se faire : Quelle nouvelle restriction allons-nous imposer au public ? Maintenant ils se demandent : Quelle restriction pouvons-nous sauver du naufrage ?

N’est-ce rien, Messieurs, que d’avoir ainsi déplacé le terrain de la discussion ? d’avoir organisé la partie de telle sorte que ce n’est plus désormais une liberté, mais une restriction qui en fera l’enjeu.

Et permettez-moi de rappeler ce que je disais, il y a quinze mois, à Bordeaux, à une époque où des mesures récentes sur le sésame et les tissus de lin donnaient peut-être quelque valeur à la prédiction : on était au moment d’ouvrir la souscription qui devait décider du sort de l’Association. « Dans deux heures, disais-je, nous saurons si le mouvement ascensionnel de la protection est arrêté ; si l’arbre du monopole a fini sa croissance. Oui, que Bordeaux fasse aujourd’hui son devoir, — et il le fera, — je défie tous les prohibitionistes, et tous leurs comités, et tous leurs journaux, de faire désormais hausser le chiffre des tarifs d’une obole ! »

Eh bien ! Messieurs, qu’est-il arrivé ? Comparez la loi de douanes actuellement soumise aux Chambres, toute timide, toute mesquine qu’elle est, aux mesures sanctionnées jusqu’ici par la législature. N’êtes-vous pas frappés de ce fait, que le régime protecteur non seulement n’avance plus, mais recule ? (C’est vrai !)

Un autre résultat que nous avons obtenu, et il est considérable, c’est qu’aujourd’hui on peut prononcer le mot Liberté du commerce. On oublie vite en France. Rappelons--