Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans des chapitres complémentaires, quelques brefs lieux communs sur les phénomènes de la consommation. Que dis-je ! on a vu naguère un professeur, célèbre à juste titre, supprimer entièrement cette partie de la science, s’occuper des moyens sans jamais parler du résultat, et bannir de son cours tout ce qui concerne la consommation des richesses, comme appartenant, disait-il, à la morale, et non a l’économie politique. Faut-il être surpris que le public soit plus frappé des inconvénients de la Concurrence que de ses avantages, puisque les premiers l’affectent au point de vue spécial de la production dont on l’entretient sans cesse, et les seconds au point de vue général de la consommation dont on ne lui dit jamais rien ?

Au surplus, je le répète, je ne nie point, je ne méconnais pas et je déplore comme d’autres les douleurs que la Concurrence inflige aux hommes ; mais est-ce une raison pour fermer les yeux sur le bien qu’elle réalise ? Ce bien, il est d’autant plus consolant de l’apercevoir, que la Concurrence, je le crois, est, comme les grandes lois de la nature, indestructible ; si elle pouvait mourir, elle aurait succombé sans doute sous la résistance universelle de tous les hommes qui ont jamais concouru à la création d’un produit, depuis le commencement du monde, et spécialement sous la levée en masse de tous les réformateurs modernes. Mais s’ils ont été assez fous, ils n’ont pas été assez forts.

Et quel est, dans le monde, le principe progressif dont l’action bienfaisante ne soit pas mêlée, surtout à l’origine, de beaucoup de douleurs et de misères ? — Les grandes agglomérations d’êtres humains favorisent l’essor de la pensée, mais souvent elles dérobent la vie privée au frein de l’opinion, et servent d’abri a la débauche et au crime. — La richesse unie au loisir enfante la culture de l’intelligence, mais elle enfante aussi le luxe et la morgue chez les grands, l’irritation et la convoitise chez les petits. — L’imprimerie