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agrandissant sans cesse le cercle de la production et tombant sans cesse dans le domaine de la Communauté. Or, ce qui devient commun profite à tous sans nuire à personne ; on peut même ajouter, et cela est mathématique, profite à chacun en proportion de sa misère antérieure. C’est cette portion d’utilité gratuite, forcée par la Concurrence de devenir commune, qui fait que les valeurs tendent à devenir proportionnelles au travail, ce qui est au profit évident du travailleur. C’est elle aussi qui explique cette solution sociale, que je tiens constamment sous les yeux du lecteur, et qui ne peut nous être voilée que par les illusions de l’habitude : pour un travail déterminé chacun obtient une somme de satisfactions qui tend à s’accroître et à s’égaliser.

Au reste, la condition du travailleur ne résulte pas d’une loi économique, mais de toutes ; la connaître, découvrir ses perspectives, son avenir, c’est l’économie politique tout entière ; car peut-il y avoir autre chose, au point de vue de cette science, que des travailleurs ?… Je me trompe, il y a encore des spoliateurs. Qu’est-ce qui fait l’équivalence des services ? La liberté. Qu’est-ce qui altère l’équivalence des services ? L’oppression. Tel est le cercle que nous avons à parcourir.

Quant au sort de cette classe de travailleurs qui accomplit l’œuvre la plus immédiate de la production, il ne pourra être apprécié que lorsque nous serons en mesure de connaître comment la loi de la Concurrence se combine avec celles des Salaires et de la Population, et aussi avec les effets perturbateurs des taxes inégales et des monopoles.

Je n’ajouterai que quelques mots relativement à la Concurrence. Il est bien clair que diminuer la masse des satisfactions qui se répartissent entre les hommes, est un résultat étranger à sa nature. Affecte-t-elle, dans le sens de l’inégalité, cette répartition ? S’il est quelque chose d’évident au