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par la législation la plus ingénieuse et la plus impartiale.

Enfin l’invention parvient à sa troisième phase, à sa période définitive, celle de la diffusion universelle, de la communauté, de la gratuité ; son cycle est parcouru lorsque la Concurrence a ramené la rémunération des producteurs de x au taux général et normal de tous les travaux analogues. Alors les neuf dixièmes de la peine épargnée par l’invention, dans l’hypothèse, sont une conquête au profit de l’humanité entière. L’utilité de x est la même ; mais les neuf dixièmes y ont été mis par la gravitation, qui était autrefois commune à tous en principe, et qui est devenue commune à tous dans cette application spéciale. Cela est si vrai, que tous les consommateurs du globe sont admis à acheter x par le sacrifice du dixième de la peine qu’il coûtait autrefois. Le surplus a été entièrement anéanti par le procédé nouveau.

Si l’on veut bien considérer qu’il n’est pas une invention humaine qui n’ait parcouru ce cercle, que x est ici un signe algébrique qui représente le blé, le vêtement, les livres, les vaisseaux, pour la production desquels une masse incalculable de Peine ou de valeur a été anéantie par la charrue, la machine à filer, l’imprimerie et la voile ; que cette observation s’applique au plus humble des outils comme au mécanisme le plus compliqué, au clou, au coin, au levier, comme à la machine à vapeur et au télégraphe électrique ; on comprendra, j’espère, comment se résout dans l’humanité ce grand problème : Qu’une masse, toujours plus considérable et toujours plus également répartie, d’utilités ou de jouissances, vienne rémunérer chaque quantité fixe de travail humain.

3° J’ai fait voir que la Concurrence fait tomber, dans le domaine de la communauté et de la gratuité, et les forces naturelles et les procédés par lesquels on s’en empare ; il me reste à faire voir qu’elle remplit la même fonction, quant aux instruments au moyen desquels on met ces forces en œuvre.