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leur la lumière, la chaleur, l’électricité, la vie végétale, etc., de même le capital ne fait-il pas concourir à la production de la valeur le vent, l’élasticité, la gravitation ? Il y a donc des hommes, outre les agriculteurs, qui se font payer aussi l’intervention des agents naturels. Cette rémunération leur arrive par l’intérêt du capital, comme aux propriétaires fonciers par la rente du sol. Guerre donc à l’intérêt comme à la Rente !

Voici donc la gradation des coups qu’a subis la Propriété, au nom de ce principe faux selon moi, vrai selon les économistes et les égalitaires, à savoir : les agents naturels ont ou créent de la valeur. — Car, il faut bien le remarquer, c’est une prémisse sur laquelle toutes les écoles sont d’accord. Leur dissidence consiste uniquement dans la timidité ou la hardiesse des déductions.

Les Économistes ont dit : la propriété (du sol) est un privilége ; mais il est nécessaire, il faut le maintenir.

Les Socialistes : la propriété (du sol) est un privilége ; mais il est nécessaire, il faut le maintenir — en lui demandant une compensation, le droit au travail.

Les Communistes et les Égalitaires : la propriété (en général) est un privilége, il faut la détruire.

Et moi, je crie à tue-tête : La Propriété n’est pas un privilége. Votre commune prémisse est fausse, donc vos trois conclusions, quoique diverses, sont fausses. La Propriété n’est pas un privilége, donc il ne faut ni la tolérer par grâce, ni lui demander une compensation, ni la détruire.


Passons brièvement en revue les opinions émises sur ce grave sujet par les diverses écoles.

On sait que les économistes anglais ont posé ce principe sur lequel ils semblent unanimes : la valeur vient du travail. Qu’ils s’accordent entre eux, c’est possible ; mais s’accordent-ils avec eux-mêmes ? C’est là ce qui eût été désirable,