Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de blé dans dix ans qu’à celui qui l’achète aujourd’hui. La loi de stricte justice est donc observée.

Que si l’amélioration foncière, ou la brouette et le tonneau, ne doivent avoir qu’une durée approximativement appréciable, un amortissement vient s’ajouter à l’intérêt, afin que le propriétaire ne soit pas dupe et puisse encore recommencer. C’est toujours la loi de justice qui domine.

Il ne faudrait pas croire que ce franc d’intérêt dont est grevé chaque hectolitre de blé est invariable. Non, il représente une valeur et est soumis à la loi des valeurs. Il s’accroît ou décroît selon la variation de l’offre et de la demande, c’est-à-dire selon les exigences des temps et le plus grand bien de la société.

On est généralement porté à croire que cette nature de rémunération tend à s’accroître, sinon quant aux améliorations industrielles, du moins quant aux améliorations foncières. En admettant que cette rente fût équitable à l’origine, dit-on, elle finit par devenir abusive, parce que le propriétaire, qui reste désormais les bras croisés, la voit grossir d’année en année, par le seul fait de l’accroissement de la population, impliquant un accroissement dans la demande du blé.

Cette tendance existe, j’en conviens, mais elle n’est pas spéciale à la rente foncière, elle est commune à tous les genres de travaux. Il n’en est pas un dont la valeur ne s’accroisse avec la densité de la population, et le simple manouvrier gagne plus à Paris qu’en Bretagne.

Ensuite, relativement à la rente foncière, la tendance qu’on signale est énergiquement balancée par une tendance opposée, c’est celle du progrès. Une amélioration réalisée aujourd’hui par des moyens perfectionnés, obtenue avec moins de travail humain, et dans un temps où le taux de l’intérêt a baissé, empêche toutes les anciennes améliorations d’élever trop haut leurs exigences. Le capital fixe du