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clôtures, défrichements, desséchements, bâtisses, amendements, concernent et facilitent une série indéterminée de récoltes ultérieures.

D’après la loi générale Service pour service, ceux à qui doit aboutir la satisfaction ont à restituer les efforts qu’on a fait pour eux. Quant aux efforts de la première catégorie, pas de difficulté. Ils sont débattus et évalués entre celui qui les fait et celui qui en profite. Mais les services de la seconde catégorie, comment seront-ils évalués ? Comment une juste proportion des avances permanentes, frais généraux, capital fixe, comme disent les économistes, sera-t-elle répartie sur toute la série des satisfactions qu’elles sont destinées à réaliser ? Par quel procédé en fera-t-on retomber le poids d’une manière équitable sur tous les acquéreurs d’eau, jusqu’à ce que la brouette soit usée ; sur tous les acquéreurs de blé, tant que le champ en fournira ?

J’ignore comment on résoudrait le problème en Icarie ou au Phalanstère. Mais il est permis de croire que messieurs les inventeurs de sociétés, si féconds en arrangements artificiels et si prompts à les imposer par la loi, c’est-à-dire, qu’ils en conviennent ou non, par la Contrainte, n’imagineraient pas une solution plus ingénieuse que le procédé tout naturel que les hommes ont trouvé d’eux-mêmes (les audacieux !) depuis le commencement du monde, et qu’on voudrait aujourd’hui leur interdire. Ce procédé, le voici : il découle de la loi de l’Intérêt.

Soient mille francs ayant été employés en améliorations foncières ; soient le taux de l’intérêt à cinq pour cent et la récolte moyenne de cinquante hectolitres. Sur ces données, chaque hectolitre de blé devra être grevé d’un franc.

Ce franc est évidemment la récompense légitime d’un service réel rendu par le propriétaire (qu’on pourrait appeler travailleur), aussi bien à celui qui acquerra un hectolitre