Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trompeuse, négligeant un élément considérable et progressif du bien-être humain : l’utilité gratuite.

Ce qu’il faut faire, c’est au contraire oublier complétement la valeur, particulièrement la monnaie, et se demander : Quelle est, dans tel pays, à telle époque, la quantité de chaque genre d’utilité spéciale, et la somme de toutes les utilités qui répond à chaque quantité donnée de travail brut ; en d’autres termes : Quel est le bien-être que peut se procurer par l’échange le simple journalier ?

On peut affirmer que l’ordre social naturel est perfectible et harmonique, si, d’un côté, le nombre des hommes voués au travail brut, et recevant la plus petite rétribution possible, va sans cesse diminuant, et si, de l’autre, cette rémunération mesurée non en valeur ou en monnaie, mais en satisfaction réelle, s’accroît sans cesse[1].




Les anciens avaient bien décrit toutes les combinaisons de l’Échange :

Do ut des (produit contre produit), Do ut facias (produit contre service), Facio ut des (service contre produit), Facio ut facias (service contre service).

Puisque produits et services s’échangent entre eux, il faut bien qu’ils aient quelque chose de commun, quelque chose par quoi ils se comparent et s’apprécient, à savoir la valeur.

Mais la Valeur est une chose identique à elle-même. Elle ne peut donc qu’avoir, soit dans le produit, soit dans le service, la même origine, la même raison d’être.

Cela étant ainsi, la valeur est-elle originairement, essentiellement dans le produit, et est-ce par analogie qu’on en a étendu la notion au service ?

  1. Ce qui suit était destiné par l’auteur à trouver place dans le présent chapitre. (Note de l’éditeur.)