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parés des agents naturels reçoivent, sous forme de rente, une récompense sans avoir fait de sacrifices. Leur rôle se borne à tendre la main pour recevoir les offrandes du reste de la communauté. » Scrope : « La propriété de la terre est une restriction artificielle mise à la jouissance des dons que le Créateur avait destinés à la satisfaction des besoins de tous. » Say : « Les terres cultivables sembleraient devoir être compromises parmi les richesses naturelles, puisqu’elles ne sont pas de création humaine, et que la nature les donne gratuitement à l’homme. Mais comme cette richesse n’est pas fugitive, ainsi que l’air et l’eau, comme un champ est un espace fixe et circonscrit que certains hommes ont pu s’approprier, à l’exclusion de tous les autres qui ont donné leur consentement à cette appropriation, la terre, qui était un bien naturel et gratuit, est devenue une richesse sociale dont l’usage a dû se payer. »

Certes, s’il en est ainsi, Proudhon est justifié d’avoir posé cette terrible interrogation, suivie d’une affirmation plus terrible encore :

« À qui est dû le fermage de la terre ? Au producteur de la terre sans doute. Qui a fait la terre ? Dieu. En ce cas, propriétaire, retire-toi. »

Oui, par une mauvaise définition, l’économie politique a mis la logique du côté des communistes. Cette arme terrible, je la briserai dans leurs mains, ou plutôt ils me la rendront joyeusement. Il ne restera rien des conséquences quand j’aurai anéanti le principe. Et je prétends démontrer que si, dans la production des richesses, l’action de la nature se combine avec l’action de l’homme, la première, gratuite et commune par essence, reste toujours gratuite et commune à travers toutes nos transactions ; que la seconde représente seule des services, de la valeur ; que, seule, elle se rémunère ; que, seule, elle est le fondement, l’explication et la justification de la Propriété. En un mot, je prétends que, relativement