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ou de tout autre produit naturel. On reconnaît bien que ce prix, pour la plus grande partie, est afférent à des services humains. L’un a creusé la terre, l’autre a épuisé l’eau ; celui-ci a monté le combustible, celui-là l’a transporté ; et c’est la totalité de ces travaux qui constitue, dit-on, presque toute la valeur. Cependant il reste encore une portion de valeur qui ne répond à aucun travail, à aucun service. C’est le prix de la houille gisant sous le sol, encore vierge, comme on dit, de tout travail humain ; il forme la part du propriétaire ; et puisque cette portion de valeur n’est pas de création humaine, il faut bien qu’elle soit de création naturelle.

Je repousse une telle conclusion, et je préviens le lecteur que, s’il l’admet de près ou de loin, il ne peut plus faire un pas dans la science. Non, l’action de la nature ne crée pas la valeur, pas plus que l’action de l’homme ne crée la matière. De deux choses l’une : ou le propriétaire a utilement concouru au résultat final et a rendu des services réels, et alors la part de Valeur qu’il a attachée à la houille rentre dans ma définition ; ou bien il s’est imposé comme un parasite, et, en ce cas, il a eu l’adresse de se faire payer pour des services qu’il n’a pas rendus ; le prix de la houille s’est trouvé indûment augmenté. Cette circonstance prouve bien qu’une injustice s’est introduite dans la transaction ; mais elle ne saurait renverser la théorie au point d’autoriser à dire que cette portion de valeur est matérielle, qu’elle est combinée, comme un élément physique, avec les dons gratuits de la Providence. En voici la preuve : qu’on fasse cesser l’injustice, si injustice il y a, et la valeur correspondante disparaîtra. Il n’en serait certes pas ainsi, si elle était inhérente à la matière et de création naturelle.


Passons maintenant à un de nos besoins les plus impérieux, celui de la sécurité.


Un certain nombre d’hommes abordent une plage in-